Nous avons tous de bonnes raisons de penser que ce qui est important pour nous est justifié et doit être à la fois respecté et satisfait. Il est vrai qu’en termes de motivation, les valeurs nous aident à avancer et poser des actes…
Mais ce n’est pas toujours vrai… Il est même fréquent que ces mêmes valeurs deviennent sources de stress, de non-dit ou de non-compréhension et qu’il faille s’y attarder pour en saisir le paradoxe…
Qui serait prêt à laisser tomber ses valeurs, à ne plus avoir de besoin ou ne plus apprécier tel objet ou telle personne ? Au contraire, tous ces éléments sont importants pour nous ; nous avons même le sentiment qu’ils participent à nous faire apprécier la vie.
Paradoxalement, il y a comme une règle de l’importance qui nous apporte malgré nous l’exact opposé de ce que nous désirons. Voici une petite anecdote pour illustrer cette règle et son paradoxe :
Pour Paul, le sentiment d’appartenance est très important ; il a besoin de se sentir en contact avec les collègues de son entreprise, de faire partie de l’équipe.
Il s’est fixé comme repère pour savoir que son but est atteint de recevoir des sourires et de l’attention de la part de ses partenaires. Pour y arriver, il adopte un comportement familier et badin et plaisante à tout va.
En fait, inconsciemment, Paul est devenu collant, voire envahissant. Ses collègues l’évitent et lui répondent par des ‘hein hein’ peu motivés, ce qui renforce d’autant son besoin d’appartenance… la bouche est bouclée…
C’est un fait : les conséquences de nos importances et de nos fixations ne font que les renforcer ; c’est un peu comme si la vie s’acharnait à nous refuser ce à quoi pourtant nous tenons tant !
« J’aimerais tellement gagner mieux ma vie, avoir un conjoint attentionné, des collaborateurs plus investis, un environnement plus serein… » Nos doléances sont nombreuses et plus elles sont importantes, plus nous créons un sentiment de pénurie et moins elles sont satisfaites…
Ce qui n’est pas assumé se répète, inlassablement. À chaque fois qu’une nouvelle situation rentre en résonnance avec quelque chose qui nous touche, l’émotion arrive et bien souvent nous envahit.
Pour éviter de vivre ce débordement émotionnel, nous allons accorder beaucoup d’importance à ne pas revivre telle ou telle situation ; nous nous fixons sur ce point et la règle de l’importance se remet en place…
Insidieux n’est-ce pas ?
D’où la nécessité de lâcher ces importances que nous nommons aussi fixations (puisqu’elles nous figent dans des comportements réactifs) et d’aller regarder là où se situent nos blocages, avec l’intention bien ancrée de nous ouvrir et de lâcher définitivement le contrôle, de libérer l’énergie du cœur.
D’ailleurs, imaginez un jouer de tennis qui se contracte pour prendre son élan, un skieur qui se rigidifie en dévalant la piste ou un golfeur qui frappe la balle comme un bucheron ; absurde non ?
C’est pourtant ce qui se passe lorsque nous nous fixons, nous rentrons nous aussi dans des comportements absurdes et inadaptés ; nous résistons à ce qui est et adoptons des comportements BARJ.
Nous sommes collés à quelque chose sans pouvoir nous en séparer ; ce sont parfois des croyances qui nous détruisent sans que nous en soyons conscients !
Amusons-nous à approfondir un peu plus…
Si l’on vous demande qui vous êtes, qu’allez-vous rajouter après le ‘je suis’ ? Allez-vous répondre « Je suis docteur, directeur, artiste, mère au foyer, ingénieur… » ou tout autre titre relatif à la fonction que vous occupez dans votre vie ?
Êtes-vous collé à ce titre, à ce rôle ? Comment vous sentez-vous dans ces habits ?
Si l’on vous demande de vous définir sans mettre de nom ou de titre, qu’allez-vous répondre ? Vous utiliserez probablement des qualificatifs ou des états émotionnels : « je suis joyeux, triste, wouah, miam ou bof, amusé, frustré… »
Vous aurez donc à ce moment-là plus d’états et de comportements possibles selon les situations. Ce qui signifie que dans toutes ces réponses, aucune n’est véritablement durable puisque tous les termes que nous pouvons employer pour nous définir peuvent varier à tout moment…
En fait, nous sommes beaucoup plus que ces titres, ces états ou ces qualificatifs ; nous vivons ce qui se passe comme un acteur qui joue un rôle défini en oubliant qu’il est aussi l’auteur de la pièce de théâtre…
Et c’est parce que nous nous accrochons à ces rôles prédéfinis par tout ce qui nous a conditionnés depuis notre enfance que nous restons accrochés à la rive sans oser vivre l’expérience que nous propose cette belle rivière qu’est la vie.
Nous résistons à tout ce qui ne correspond pas au rôle que nous jouons, alors que nous pourrions instantanément changer de rôle ; il suffirait juste de lâcher les importances obsessionnelles du mental pour revenir à nos sensations, à notre sensorialité, appliquer consciemment les 4 principes du processus V.O.I.R..
Quand nous résistons à lâcher prise sur quoi que ce soit, c’est le signe qu’il y a quelque chose à reconnaître : un besoin qui n’est pas entendu ou une blessure que l’on a en nous et qui demande à être accueillie.
Relâcher les résistances, c’est redonner de la liberté et de la puissance à notre créativité d’auteur et d’acteur de notre vie.
Voici ce que nous avions envie de résumer sur les règles de l’importance.
Mais vous, qu’en pensez-vous? Que percevez-vous dans votre vie qui pourrait être une importance dont l’exagération pourrait se retourner contre vous ?
Au grand plaisir de la suite !
Olivier Masselot et Samy Kallel